La petite dernière / Fatima Daas - roman (août 2020)

Résumé

Je m’appelle Fatima Daas. Je suis la mazoziya, la petite dernière. Celle à laquelle on ne s’est pas préparé. Française d’origine algérienne. Musulmane pratiquante. Clichoise qui passe plus de trois heures par jour dans les transports. Une touriste. Une banlieusarde qui observe les comportements parisiens. Je suis une menteuse, une pécheresse. Adolescente, je suis une élève instable. Adulte, je suis hyper-inadaptée. J’écris des histoires pour éviter de vivre la mienne. J’ai fait quatre ans de thérapie. C’est ma plus longue relation. Je me croyais polyamoureuse. Lorsque Nina a débarqué dans ma vie, je ne savais plus du tout ce dont j’avais besoin et ce qu’il me manquait. Je m’appelle Fatima Daas. Je ne sais pas si je porte bien mon prénom.

 

Notre avis

Elle ment, dupe, invente affabule. Aux autres et à elle-même. Elle s’appelle Fatima Daas, c’est la mazoziya, la petite dernière. Chaque chapitre commence par cette phrase, une litanie, répétée encore et encore, comme pour l’affirmer, rendre concret ce nom et cette position, l’inscrire dans l’histoire. Dans sa famille, les mots ne se disent pas mais se crient, la mère comme le père ne montrent aucun signe d’amour, ni de tendresse, c’est tabou. Inconstante, Fatima Daas grandit, pose problème à l’école, au travail. Dans la vie, elle est agitée, turbulente, « hyper-inadaptée ». Fugitive, elle se décrit comme une pécheresse, une menteuse, une touriste, elle qui vit à Clichy mais étudie à Paris. D’un côté, il y a Fatima Daas, algérienne musulmane pratiquante. De l’autre, il y a Fatima Daas, lesbienne, féministe intersectionnelle, queer. Comment réconcilier ces deux parts d’elle-même qui ne peuvent se conjuguer ? Comme vivre une sexualité épanouie quand nos convictions religieuses entrent en confrontation avec elle ?

Un roman court et percutant, profondément féministe et actuel. Entre religion et sexualité, Fatima Daas navigue au fil de ses pensées. Parfois cruelle avec elle-même, elle psalmodie Dieu, évoque ses conquêtes féminines, aborde ses heures d’errance passées à essayer de comprendre ses envies et ses désirs. Entre biographie et fiction, La petite dernière est une pépite qu’on savoure, jusqu’à la dernière page. Virginie Despentes écrit à son sujet : « Le monologue de Fatima Daas se construit par fragments, comme si elle updatait Barthes et Mauriac pour Clichy-sous-Bois. Ici, l’écriture cherche à inventer l’impossible : comment tout concilier, comment respirer dans la honte, comment danser dans une impasse jusqu’à ouvrir une porte là où se dressait un mur." Un coup de cœur absolu.

Chaïma Médiathèque l’Éclipse de Cormeilles-en-Parisis