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Résumé
Pantin. Dans une station-service, un pompiste du nom de Beauvoir surveille sur les écrans de contrôle les allées et venues des automobilistes et tient la caisse du bar.

Son activité lui inspire des réflexions pleines d’ironie et de lucidité sur la société de consommation qui est la nôtre.


Notre avis
Voici un charmant roman qui n’en est pas vraiment un, puisqu’il se présente sous la forme de mini-récits, l’auteur Alexandre Labruffe étant allergique aux formes longues.

Greffier de la réalité, le pompiste Beauvoir note tout ce qu’il voit ou entend, quand bien même les événements produits seraient complètement insignifiants. Certains actes sont peut-être en réalité moins anodins qu’on ne le pense, ou bien c’est justement leur insignifiance même qui témoigne le mieux de notre époque : celle-ci est peut-être tout simplement en manque de sens (ou en panne, diront les plus malins !).

Quel meilleur endroit en effet qu’une station-service pour chroniquer un monde déboussolé, pressé voire fragile ? Des mères de familles stressées aux VRP, en passant par les motards ou routiers fatigués, toutes les classes sociales y passent en effet, mais n'y restent pas, d’où la pertinence de ces formes brèves de récit choisies par l’auteur. L’humanité ne serait-elle donc que de passage sur cette terre ?

Parmi les aphorismes marquants de Beauvoir, on retiendra celui dans lequel il se considère comme le principal dealer d’un monde complètement junkie ! Un aphorisme qui traduit la pensée de Labruffe lui-même, ce dernier voyant la station-service comme « le lieu de notre amnésie, de notre inconscience et de notre toxicomanie. Non seulement on y consomme de l’essence, sans se rendre compte du saccage que cela représente, mais aussi de la junk food, et tout un tas de produits de consommation ».

La station-service est également pour l’auteur le lieu de l’incertitude, des possibles et des fantasmes : Beauvoir aura l’occasion d'y faire de belles rencontres, du moins si sa relative maladresse ne gâche pas tout. Une maladresse qui sera d’ailleurs à l’origine de divers déboires plus ou moins graves, où l’insolite le disputera au burlesque, comme ces langoustes jetées dans les toilettes parce qu’on les croyait mortes mais qui reprendront vie un peu plus tard !

Un livre (super) drôle et qui fait réfléchir : et si l’humanité se mettait un peu à ralentir, au lieu de courir à sa perte ?

Jean-Loup Médiathèque André-Cancelier