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A l'occasion du spectacle hommage à Boris Vian (De Boris à Vian : chansons, poèmes, romans et chroniques) donné dans les murs de la médiathèque André-Cancelier à Sannois le 13 mars 2021 à 15h30, voici une petite playlist pour découvrir ou redécouvrir plusieurs facettes d'un artiste touche-à-tout de génie !

La musique occupe une place essentielle dans l'œuvre de Boris Vian, comme en témoignent des livres comme L'Ecume des jours ou ses différents écrits sur le jazz, qu'il pratiquait lui-même ! On connaît de plus ses fameuses chansons comme "Le Déserteur" et "La Java des bombes atomiques". Certes, les chansons enregistrées par Boris Vian  ne représentent en tout et pour tout qu'une petite dizaine de créations, mais il ne faut pas s'y tromper : Boris Vian est un auteur de chansons particulièrement prolifique ! On estime en effet qu'il en a écrit environ 600, dont plus de 500 sont parvenues jusqu'à nous !

Afin de témoigner de leur atemporalité et de leur criante actualité, voici donc plusieurs chansons de Boris Vian interprétées par des artistes de diverses générations. Elles révèlent un homme fantaisiste mais un rien pessimiste, volontiers provocateur et surtout révolté ; un esprit romantique qui se donne avec passion à tout ce qu’il aime, que ce soient les femmes ou la musique ! On trouvera aussi quelques morceaux de jazz pour montrer les talents de Boris à la trompinette !

 Alors en avant la zizique !

 

1 La Complainte du progrès (Les Arts ménagers) / Juliette (A Boris Vian : "on n'est pas là pour se faire engueuler !" (2009)) 

En 1955 Vian critiquait déjà la société de consommation, qui commençait à se développer en France… Les énumérations de biens de consommation fantaisistes témoignent on ne peut mieux de la prodigieuse imagination de Boris Vian : « l'efface-poussière, le lit qu'est toujours fait, le chauffe-savates, le canon à patates, l'éventre-tomate, l'écorche-poulet ».

Toujours (malheureusement) d’actualité cette délicieuse chanson anti-matérialiste a été récemment enregistrée par une interprète et poétesse de choix : Juliette !

 

2 A tous les enfants / Joan Baez (Live Europe ’83)

En 1954, au début de la guerre d’Algérie et en même temps que « Le Déserteur », Boris Vian écrit  « A tous les enfants », un poème dénonçant à nouveau l’horreur de la guerre. Il oppose ici nettement les victimes aux profiteurs, dans un texte particulièrement poignant et virulent. Le texte sera mis en musique par Claude Vence et Joan Baez, chanteuse pacifiste par excellence, en livrera une très belle interprétation lors de sa tournée européenne de 1983.

 

3 Rock and Roll Mops /  Henry Cording & His Original Rock and Roll Boys (1956)

C’est Michel Legrand qui dès les années 50 fait découvrir le rock and roll américain à Boris Vian ! Ce dernier en dégage alors deux aspects : un aspect sensuel pour ne pas dire franchement érotique et un aspect comique. « Cela fonctionne surtout sur le public très jeune des U.S.A., empêtré de tabous sexuels qui existent moins en Europe […] Le côté “exutoire” du rock and roll n'a pas de raison d'être en France […] Le succès français du rock pourra donc être celui de n'importe quelle chanson comique. » écrit-il dans Derrière la zizique !

Boris Vian créé ainsi en 1956 un 45 tours humoristique : quatre chansons chantées par un certain Henry Cording qui n’est autre que… Henri Salvador ! Des paroles irrésistibles et une musique qui ne l’est pas moins, comme avec ce « Rock and Roll Mops » ! 

 

4 Ses baisers me grisaient / Emily Loizeau (A Boris Vian : "on n'est pas là pour se faire engueuler !" (2009))

Cette fois-ci, contrairement aux fameux romans signés Vernon Sullivan, Boris Vian adapte pour de bon un standard américain « Kisses Sweeter Than Wine ». Nana Mouskouri a chanté cette délicate chanson, et plus récemment, et avec autant de délicatesse, Emily Loizeau dans un double disque hommage à Boris Vian sorti en 2009 A Boris Vian : "on n'est pas là pour se faire engueuler !" !

 

5 Que reste-t-il de nos amours ? / Boris Vian (1944)

Boris Vian, fan de jazz, interprète ici à la trompette la mélancolique chanson de Charles Trenet « Que reste-t-il de nos amours ? ».

Ce choix n’est pas surprenant de la part d’un esprit innovant comme Boris Vian : les chansons de Charles Trenet ont véritablement importé le swing en France dans les années 40, créant ainsi un nouveau souffle !  « Les chansons de Trenet vieillissent admirablement parce qu’elles sont légères : gaies ou tristes, elles manifestent toujours le goût aérien qui est la marque du fou chantant. Rien en elles qui pèse ou qui pose – comment se laisseraient-elles atteindre par le temps ? » déclarera Boris Vian en 1954 (Arts n°469) !

 

6 Fais-moi mal Johnny / Magali Noël (1956)

Nouvelle provocation avec la chanson Fais-moi mal Johnny, qui introduit en France la chanson d'amour sado-masochiste ! Bien qu’écrites sur un ton humoristique ses paroles particulièrement osées pour l’époque lui valurent d’être interdites à la radio…

Elle contribuera à la renommée de son interprète Magali Noël ! Et sinon la voix masculine que l’on entend dans la chanson est bien celle de Boris Vian…

 

7 Basin Street Blues / Boris Vian et son orchestre (1947)

Boris Vian n’hésite pas reprendre à la trompinette un vieux standard de jazz dixieland écrit par Spencer Williams et popularisé dès 1928 par Louis Armstrong et ses Hot Five ! Enregistré au Cabaret leTabou le 25 octobre 1947 !

 

8 Je voudrais pas crever / Edouard Baer (A Boris Vian : "on n'est pas là pour se faire engueuler !" (2009))

« Je voudrais pas crever » a été écrit en 1952, lors d’une période difficile, et cela s’entend à la lecture du poème : Boris Vian s'inquiète de ne pas avoir le temps d'accomplir tous ses rêves ou souhaits (plus ou moins réalistes !) !

Boris Vian savait qu’il n’atteindrait pas les 40 ans ; cruelle certitude pour un homme à la curiosité insatiable : « Et moi je vois la fin / Qui grouille et qui s'amène /Avec sa gueule moche /Et qui m'ouvre ses bras /De grenouille bancroche ! »

« Je voudrais pas crever » sera édité dans un recueil éponyme, publié en 1962, soit trois ans après la mort de Boris Vian. Ce dernier avait en effet été terrassé en 1959 par une crise cardiaque lors de la projection de l’adaptation cinématographique de son roman J’irai cracher sur vos tombes…

Un poème percutant et émouvant qui en touchera plus d’un, dont un autre dandy non moins célèbre du nom d’Edouard Baer !

 

9 Tout fonctionne à l’italiano / Fredo Minablo et sa Pizza Musicale (1957)

C’est à l’invasion de la chanson italienne en France que Boris Vian s’en prend cette fois-ci ! Cette nouvelle chanson parodique a été interprétée par Freddy Balta sous un pseudonyme qui en dit long : Fredo Minablo… Derrière la Pizza Musicale se cache en fait l’orchestre d’André Popp.

 

10 Quand j’aurai du vent dans mon crâne / Mademoiselle K (A Boris Vian : "on n'est pas là pour se faire engueuler !" (2009))

Boris Vian, qui savait qu’il ne vivrait pas longtemps, a été légitimement préoccupé par le thème de la mort… « Quand j’aurai du vent dans mon crâne » montre de plus qu’il ne croyait visiblement pas en l’existence d’un au-delà : à sa mort il ne restera en effet qu’un crâne vide, tout le reste ayant été dévoré par les rats : « Ma paire de bidules / Mes mollets mes rotules […] Qu’auront bouffé les rats ! » ! Sur un sujet ô combien grave voire sacré, Boris Vian livre une nouvelle fois un texte particulièrement sarcastique et cru. Les premières lignes empruntées au « Pater Noster » de Jacques Prévert en disent long : tout se passe sur la terre. C’est ce qu’aura fait Boris lors de son bref passage sur cette dernière : profiter de la vie au maximum !

Qui d’autre que le groupe de rock français Mademoiselle K pour interpréter ces paroles un rien punk ?

 

11 Chloe / Duke Ellington (1940)

Pour finir, un choix que n’aurait pas renié Boris Vian : voici « Chloe », un standard de jazz de 1927 interprété ici en 1940 par l’un de ses musiciens préférés, Duke Ellington ! La musique est de Charles N. Daniels.

Boris Vian aimait tellement ce morceau qu’il a donné son nom à l’un personnages principaux de son roman L’Ecume des jours, paru en 1947. La Chloé du roman, jolie et douce, représente en effet la femme parfaite pour le narrateur Colin ; mais elle est fragile : Chloé souffre en effet d’une maladie des poumons, favorisée par l’environnement marécageux et humide des personnages, qui n’est pas sans rappeler les bayous de Louisiane. Le titre complet de la chanson est d’ailleurs « Chloe (Song of the Swamp) » : « Chloé (la chanson du marais) »…

 

"Boris Vian est un de ces aventuriers solitaires qui s'élancent à corps perdu à la découverte d'un nouveau monde de la chanson.
Si les chansons de Boris Vian n'existaient pas, il nous manquerait quelque chose.
Elles contiennent ce je-ne-sais-quoi d'irremplaçable qui fait l'intérêt et l'opportunité d'une œuvre artistique quelconque. […] Un temps viendra, comme dit l'autre, où les chiens auront besoin de leur queue et tous les publics des chansons de Boris Vian."                                                                                       

Georges Brassens, préface du 33T 30 cm de Boris Vian Chansons possibles, ou impossibles… (Philips P 77.922 L) sorti en 1965 !

 

Sources

Sites

Boris Vian. Dans Wikipédia. Boris Vian — Wikipédia (wikipedia.org)

Boris Vian et le Rock And Roll. Boris-Vian.net. Boris Vian et le Rock and roll, chapitre 1 (boris-vian.net)

 https://www.borisvian.org/accueil.html Site mis à disposition par les ayants droit à l'occasion du centenaire de Boris Vian.

Discographie

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